L’Auberge Symmes a été construite sur un site exceptionnel dont l’histoire remonte à plusieurs milliers d’années. Cette exposition se veut un récit des différentes fonctions attribuées à ce site d’importance au fil des siècles. Les fenêtres de l’édifice, dont plusieurs donnent sur la rivière, invitent à jeter un regard sur ce cours d’eau majeur qui arbore cinq thèmes. Tous portés par des personnages de l’histoire, ces thèmes sont autant de facettes de la rivière des Outaouais… à la fois débarcadère, route de passage, centre d’activité industrielle, corridor des vapeurs et sentier de loisirs.
Les illustrations des personnages ont été conçues par Paule Thibault.
L’emplacement sur lequel est construite l’Auberge Symmes revêt une importance géographique stratégique. Les rives tranquilles du lac Deschênes constituent en effet un débarcadère naturel qui est très vite utilisé par les autochtones et, plus tard, par les défricheurs de la région. C’est grâce à des visionnaires comme Charles Symmes que ce site prend de l’ampleur et se développe, menant progressivement à la naissance de la nouvelle municipalité d’Aylmer.
Pendant des millénaires, les Autochtones, tout particulièrement les Anishinabeg, aussi appelé Algonquins, sillonnent la rivière des Outaouais et ses affluents. Ceux-ci, sous leur chef Tessouat dit « Le Borgne », jouent longtemps un rôle primordial dans la vallée outaouaise, agissant comme intermédiaire politique et commercial, tant auprès des autres nations autochtones que des premiers arrivants européens. Pour traverser leur territoire, on doit d’abord obtenir leur consentement ou payer des droits de passage.
Au XIXe siècle, le commerce du bois connaît un essor remarquable en Outaouais, ce qui contribue à la forte croissance de sa population. Pendant des décennies, le pin blanc est expédié en Europe sous forme de bois équarri servant à la construction de navires. Alors que les grandes scieries se concentrent dans les localités où la force hydraulique est importante, Aylmer, située aux abords d’eaux tranquilles, utilise la vapeur pour développer le commerce du bois de sciage. Avec ses associés, John Egan, important homme d’affaire et aussi surnommé le « Napoléon de l’Outaouais », fonde la « Aylmer Union Steam Mill Company ». Il emploie alors plus de 3500 hommes dans une centaine de chantiers, moulins à scie et à farine. Il est élu en 1847 premier maire de la toute nouvelle municipalité d’Aylmer.
Des décennies durant, des vapeurs accostent devant l’Auberge Symmes, faisant profiter Aylmer d’une belle prospérité économique. Les auberges et les commerces de service fleurissent afin d’accommoder les nombreux voyageurs poursuivant leur voyage plus à l’ouest vers des localités comme Quyon et Fitzroy Harbour. Robert H. Klock et son frère James, importants hommes d’affaires de la vallée de l’Outaouais, mettent sur pied une compagnie de diligences assurant le trajet entre Ottawa et Aylmer, et permettant ainsi aux nombreux voyageurs de s’embarquer sur l’un des bateaux à vapeur navigant sur l’Outaouais.
Avec le Queen’s Park (1896) — prestigieux parc d’attractions, le chic Hôtel Victoria (1897) et le Victoria Yacht Club (1906), ces endroits ont fait d’Aylmer un lieu de prédilection de détente et de plaisir pour les visiteurs et vacanciers venant de partout dans le nord-est de l’Amérique. Suite au grand incendie de 1921, Marjorie Davison, originaire d’Aylmer, développe une fascination pour les feux qu’elle documente plus tard avec sa caméra. Elle devient photographe de talent et l’une des premières femmes au pays à joindre le corps national de la presse dans les années 1940. C’est aussi dans ces années qu’est relancée une certaine animation récréative et qu’Aylmer n’en gagne pas moins son titre enviable de « Capitale des loisirs de l’Outaouais ».